EXTRAITS
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DES ACTIVITES VINCENTIENNES          187

      C'est l'arrivée en France des réfugiés du Sud-Est Asiatique qui nous amena à travailler plus étroitement avec le Secours Catholique, qui les accueillait et s'occupait de leur héber- gement provisoire dans un ancien château. Là, les réfugiés passaient des examens de santé ; ils étaient soignés, habillés et nourris. Ils suivaient des cours de français. Plus tard, ce fut notre rôle de meubler les logements que le Secours Catholique leur avait obtenus et de leur trouver du travail.

      Sous le terme générique de réfugiés du Sud-Est Asiatique, nous avions regroupé ensemble quelques Vietnamiens, des Cambodgiens, des Laotiens et des Mhongs. Tous ces gens parlaient des langues différentes et, nous l'apprendrons plus tard, avaient beaucoup de préjugés les uns contre les autres. [...]

      Nous avions appris à les saluer à leur manière, en joignant les mains et en nous inclinant dans leur direction. Nous échangions des sourires, seule langue commune que nous pouvions pratiquer. J'avais essayé de repérer à leur regards ceux qui seraient les plus éveillés. Nous devions découvrir là, mélangés dans une même misère, des gens de toutes conditions : un prince Lao et sa famille, un ancien ministre, des militaires... même des Mhongs, ces paysans des montagnes qui cultivaient l'opium sur brûlis.

      Quelques-uns parlaient le français et pouvaient servir d'interprète. La conversation se compliquait quand il fallait passer par une langue intermédiaire ; par exemple, du mhong au laotien, puis au français, et acheminer la réponse en retour. Quand ils nous contaient leurs épreuves atroces, c'était toujours avec un sourire qui nous semblait incompréhensible, et qui constituait en fait pour eux une suprême politesse qu'ils avaient gardée pour nous.