EXTRAITS
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DEBARQUEMENT           108

      Le 25 juillet, de bonne heure, les charrettes chargées, nous allions évacuer avec tout le village à une cinquantaine de kilomètres au "Château du Jardin" à Giel, propriété du Comte d'Auger de Caulaincourt, père de Madame Le Roy Ladurie. M'sieur Jâcques avait fait bâcher la grande fourragère avec la tapisserie des Gobelins, qu'il ne voulait pas laisser.

      A Tournebu, un avion touché par la D.C.A. est tombé en flammes non loin de nous. Puis nous avons traversé les ruines encore fumantes de Falaise. De tous ces décombres, je me souviens surtout d'un poste de radio, qui avait été caché derrière le rideau métallique d'une cheminée, et qui maintenant trônait à la vue de tous au-dessus d'un monceau de ruines.



      Au "Château du Jardin", la guerre n'était pas encore arrivée. C'était seulement nous, pauvres réfugiés, qui, avec notre chargement poussiéreux, en constituaient la première image indécente. Ici, les oiseaux chantaient et nous n'entendions plus le grondement de la bataille. Il faut bien avouer que nous avons été reçus sans empressement, avec prière de nous entasser où nous dérangerions le moins. D'ailleurs, on n'avait pas de vivres pour des hôtes superflus.